Sans humain à l’intérieur est un projet de spectacle documentaire et marionnettique sur les drones militaires. Au départ de cette création, nous nous sommes posé la question : « qu’est-ce que le drone militaire change du monde que nous habitons ? ».

Le fil dramaturgie du spectacle est tissé de documents et de textes nés d’improvisations, les paroles de deux comédiennes-enquêtrices, qui s’adressent directement au public en racontant pourquoi elles sont là, en posant des questions, en rêvant sur tout ce que les drones changent du monde, etc. Les documents que nous utilisons sont de différentes natures et de différents points de vue : extrait d’une discussion retranscrite entre des pilotes lors d’une attaque de drone le 20 février 2010, journal quotidien d’Atef Abu Saïf, journaliste gazaoui, qui décrit les effets quotidiens de la guerre aérienne des drones en 2014 à Gaza.

Le langage scénique est né de la marionnette et du théâtre d’objet: les deux comédiennes évoluent dans un espace métaphorique et marionnettique, une structure métallique à laquelle est suspendu, menace archaïque, un grand rocher. Tous les objets, toutes les images, se développent autour de ce piège, de cette menace qui vient du haut.

Il s’agit de rendre sensible et concrète cette nouvelle expérience de la violence. Rencontrer les personnages de l’histoire. Entendre leurs différents points de vue, assister à ce qui se joue dans leur corps, voir comment le drone les transforme. Sentir, prendre conscience de la position à partir de laquelle « nous » observons le réel. Rendre visible ce que le drone accomplit de manière invisible, et enfin parcourir cette distance que le drone pose entre nous, citoyens des démocraties occidentales, et les victimes des drones militaires, retrouver ce qui nous lie à elles, reconnaitre, grâce à l’expérience sensible et totale, l’humanité partagée des victimes, des agents de la machine et des spectateurs.