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Collection Laurent Martin

Insomniaques

[Création automne 2024]
Mise en scène – Lou Simon

Théâtre d’objet et de marionnette documentaire
Tout public à partir de 12 ans
Durée : 1h15 environ

Guillaume Lemaitre est éditeur et historien.
Laurent Martin est infirmier de nuit et collectionneur de photos d’histoire.
Jean Louis Roussel est professeur d’histoire à la retraite, insomniaque, et c’est mon oncle.
Tous les trois habitent aux environs de Rouen.
En 2019, Jean-Louis, Laurent et Guillaume décident d’écrire un livre sur la vie de Rouen pendant la Seconde Guerre mondiale, d’après les photos qu’en ont faites les soldats allemands occupant la ville.
Un jour, ils découvrent une photo qui fait dévier leur recherche : on y voit plusieurs hommes noirs en uniforme de l’armée française, sur une charrette, place de l’Hotel de Ville à Rouen, le premier jour de l’occupation. D’abord interloqués, cette photo finit par leur rappeler un événement quasi oublié : un massacre de Tirailleurs Sénégalais et de civils noirs, perpétré par les soldats allemands à leur arrivée dans la ville, le 9 juin 1940.
C’est donc le point de départ d’une enquête historique. Ils retrouvent les lieux du massacre, les noms de certains des civils, la tombe dans laquelle sont enterrés la plupart des corps : des éléments qui leur permettent de retracer le fil des événements.
Insomniaques racontera cette enquête méthodique, qui prend elle-même la forme d’un récit, et qui donne concrètement à voir ce que c’est d’écrire l’h(H)istoire, tout en nous questionnant sur ce que cette histoire locale raconte de la France d’aujourd’hui.

Avant, je ne savais rien de l’existence des massacres de Tirailleurs Sénégalais. On ne me l’avait jamais racontée, ni dans ma famille, ni à l’école. Des historien-nes ont bien entendu travaillé sur les forces coloniales et sur la vague de massacres de 1940, mais cela n’était jamais parvenu à mes oreilles, et à Rouen, l’événement avait sombré dans l’oubli. La constatation de mon ignorance a beaucoup résonné en moi avec la montée de l’extrême-droite fascisante en Europe. Je pense que la mémoire est ce qui nous permet de faire des liens, de faire du sens, de poser des repères, de prendre en compte la complexité du monde dans lequel nous vivons. Avoir la mémoire courte, c’est extrêmement dangereux pour le présent. Et à force de ne pas interroger notre facilité à oublier, nous oublions de regarder les autres dans toute leur humanité.

Raconter le passé, donner corps et vie aux morts, représenter les lieux où ils ont marché : c’est ce en quoi le langage marionnettique nous semble propice à l’incarnation et à la mise en scène de cette histoire — l’événement, l’enquête, les morts. Les objets, investis d’un pouvoir métaphorique et symbolique, rendent concret visuellement tout ce que cette histoire a d’impalpable: l’oubli, l’absence, la recherche, les liens qu’entretiennent le passé et le présent. 

Qu’est-ce qui nous empêche de dormir ? Il ne s’agit pas d’une quête de réparation ni de tranquillité, mais d’une occasion que le langage marionnettique pourrait nous donner : rencontrer nos fantômes.

Collection Laurent Martin
Collection Laurent Martin

Equipe

Mise en scène
Dramaturgie
Interprétation
Scénographie
Création musicale et sonore
Création lumière
Conseils dramaturgiques
Administration
Production et diffusion

Lou Simon
Lisiane Durand et Lou Simon
Clémentine Pasgrimaud et Arnold Mensah
Cerise Guyon
 – en cours
Romain le Gall Brachet
Karima El Kharraze
 – en cours
Laurent Pla Tarruella

Coproducteurs et soutiens

Le Sablier, Centre National de la Marionnette (14)
Le CDN de Normandie – Rouen (76)
Le Passage, scène conventionnée de Fécamp (76)
Odradek, lieu compagnie (31)
Le Théâtre de Chartres (28)

le Tas de Sable- Ches Panses Vertes
le département de Seine Maritime (76)
le FACM
le Théâtre de Laval (en cours)